17.01.20

Témoignage d’Agnès, bénévole pour Cocoon

Témoignage d'Agnès, bénévole pour Cocoon
Je conseille à tout le monde de s’engager pour une action solidaire en faveur des personnes sans abri, de le faire au moins une fois dans sa vie : c’est se donner la chance de réveiller en soi-même des capacités inattendues. On se surprend à avoir cette énergie, cette qualité d’écoute, d’empathie… 47 ans

Agnès s’est engagée comme bénévole Cocoon en 2017. Elle a notamment accompagné pendant son séjour dans le Cocoon, Nathalie, qui a récemment partagé ce témoignage poignant sur son expérience.

Entretien.

Cocoon : Qu’est-ce qui vous a motivé à être bénévole pour Cocoon ?

A.B : « Je suis engagée dans différentes actions, beaucoup de collectes pour différentes associations (féminité sans abris, sac à dos, etc.) du soutien au militantisme de Sea-Shepherd, je cherche dans chaque organisation une cause qui me parle.

Ce qui m’a intéressée particulièrement avec Cocoon, c’est la possibilité d’aller plus loin que l’aide purement matérielle. Faire une maraude, distribuer des duvets… c’est bien sûr essentiel, mais Cocoon s’inscrit davantage sur le long terme. Le dispositif a cet aspect stabilisant qui permet de travailler concrètement sur la reconstruction, la confiance, l’estime de soi.

L’abri était installé pas très loin de chez moi à Baillargues, je pouvais donc facilement m’organiser et me rendre disponible. »

Cocoon : Comment avez-vous pensé votre  contribution ?

AB : « Mon apport s’est porté globalement sur l’aide à la construction de vie.

Au quotidien, je pouvais servir de relais s’il manquait quelque chose. En tant que bénévole, j’étais une sorte de pivot, en fonction des besoins exprimés, j’étais là pour aiguiller vers la bonne administration, etc.

En dehors de ça, c’était surtout proposer une présence, une écoute. »

Cocoon : Comment s’est passée la première rencontre avec Nathalie ?

AB : « Notre première rencontre s’est déroulée le plus simplement du monde. Je suis quelqu’un qui parle beaucoup et qui a le contact facile et nous nous sommes rapidement bien entendues. Je cherchais à poser les bonnes questions pour avoir des discussions sur des sujets normaux et surtout éviter de m’apitoyer sur son sort ou d’être dans la condescendance…

Il n’est pas toujours évident de savoir comment apporter son aide de la manière la plus juste possible. Il faut surtout éviter de se projeter, de laisser parler son propre affect, de juger. J’étais là surtout pour offrir une écoute, rester neutre et respectueuse. »

Un moment qui vous a marqué ?

AB : « Un moment qui m’a particulièrement marqué, c’est le jour où Nathalie m’a invité à manger. Elle avait préparé quelque que chose de simple avec ce qu’elle avait pu récupérer et stocker dans son frigo. On a mangé ensemble, comme si de rien n’était.

C’était un moment simple et précieux pendant lequel le fossé entre quelqu’un qui a une vie normale et quelqu’un sans domicile avait complètement disparu. C’est elle qui recevait. »

Qu’est-ce que cette expérience en tant que bénévole Cocoon vous a apporté ?

AB : « C’était une grande satisfaction d’accompagner Nathalie et de constater à quel point elle a pu changer physiquement et psychiquement. Lorsqu’elle s’est sentie de nouveau apte à prendre contact avec ses filles, cela m’a fortement émue.

Ce type d’expérience nous apporte une meilleure visibilité et compréhension sur la réalité du monde de la rue. Humainement, cela nous repositionne par rapport à ce que l’on est et ce que l’on a et nous permet de prendre beaucoup de recul sur notre propre situation.

Je conseille à tout le monde de s’engager pour une action solidaire en faveur des personnes sans abri, de le faire au moins une fois dans sa vie : c’est se donner la chance de réveiller chez soi des capacités inattendues. On se surprend à avoir cette énergie, cette qualité d’écoute, d’empathie… »

Avez-vous des conseils pour les nouveaux bénévoles Cocoon ?

AB : « Je dirais qu’il faut surtout éviter de se projeter. Quand on va pour aider les gens, on porte toujours avec nous des blessures intérieures. Le travers est d’être là pour chercher à soigner ces blessures. On est là pour faire du bien aux autres.

Il ne faut pas s’attendre à trop de chose. Il faut accepter qu’éventuellement ça ne se passe pas au mieux relationnellement avec la personne accompagnée, ne pas forcer la relation et se dire qu’on n’est peut-être pas la bonne personne pour cette personne-là, à ce moment-là.

Il faut aussi éviter d’être sur-disponible et prendre garde de préserver son espace, respecter celui de l’autre. Il est important de s’entendre dès le départ sur la manière de communiquer, de prendre contact et de rendre visite… et veiller à mettre sa vie personnelle à côté pour trouver un bon équilibre et ne pas s’envahir l’un l’autre ! »